Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication de la Revue de stabilité financière 2015 de la BCL

26.05.2015

La Banque centrale du Luxembourg (BCL) a publié l’édition 2015 de sa Revue de stabilité financière le 26 mai 2015. Cette publication contribue depuis plus de 10 ans à promouvoir la stabilité de la place financière luxembourgeoise et constitue un document de référence en matière de veille prudentielle  et d’analyse des risques spécifiques aux principales composantes du système financier national.

Dans la première partie de la Revue, les principales tendances et les évolutions récentes du contexte macroéconomique ainsi que leurs implications pour le secteur financier national sont présentées.

Les récentes projections de l’Eurosystème ainsi que les dernières informations relatives aux évolutions conjoncturelles de la zone euro sont encourageantes. Les mesures de politique monétaire qui ont été prises en janvier 2015 devraient contribuer à soutenir l’activité à court et moyen terme à travers leur incidence sur l’inflation, sur les contraintes de crédits, sur le taux de change de l’euro ainsi que sur l’optimisme des acteurs des marchés financiers. De surcroit, la baisse des cours du pétrole devrait avoir un effet positif sur le revenu réel disponible des ménages et la rentabilité des entreprises, tandis que la demande extérieure adressée à la zone euro devrait progresser en raison de l’augmentation de la compétitivité-prix et de la reprise de l’économie mondiale.

L’amélioration de la situation macroéconomique au sein de la zone euro devrait avoir un effet bénéfique sur la croissance au Luxembourg. Le PIB au troisième trimestre de 2014 s’est inscrit en hausse de 2,3% par rapport au trimestre précédent et de 3,8% par rapport au trimestre correspondant de l’année 2013 soit une performance bien meilleure que celle observée dans la zone euro. La progression annuelle de l’emploi salarié (intérieur) s’est établie à 2,6% en octobre et novembre 2014, c’est-à-dire à son plus haut niveau depuis avril 2012. Ces évolutions positives sont confortées par les estimations de la BCL qui indiquent que les cycles financiers, de crédit et du PIB réel au Luxembourg se situent en phase ascendante depuis la fin de l’année 2013.

Les risques liés au marché immobilier au Luxembourg semblent contenus. Une analyse détaillée de ces risques révèle que les prix immobiliers devraient rester à des niveaux élevés, soutenus par une forte demande et une offre limitée. Toutefois, la prudence est de mise, notamment en raison d’une forte croissance de l’endettement des ménages au cours des dernières années, du niveau élevé des prix immobiliers et de la concentration des prêts hypothécaires sur un nombre limité d’établissements de crédit. Dans un tel contexte, il paraît nécessaire de s’atteler à l’atténuation des contraintes de l’offre afin de modérer la progression des prix de l’immobilier résidentiel au Luxembourg. Ceci est d’autant plus nécessaire que les effets induits par de nouvelles mesures en matière de politique d’offre ne seraient visibles qu’après plusieurs années.

La deuxième partie de la Revue décrit les évolutions récentes des marchés financiers et met en perspective des facteurs de risques potentiellement susceptibles d’affecter la stabilité du système financier.

Les marchés financiers de la zone euro ont prolongé leurs tendances pour atteindre de nouveaux records au cours de l’année passée et du premier trimestre 2015. Sur les marchés de taux la tendance est à la baisse alors que plusieurs marchés d’actions continuent leur progression. Cette évolution semble précéder l’amélioration récente des fondamentaux économiques. Ainsi, les bonnes performances des marchés financiers de la zone euro semblent tenir pour une large part à des conditions monétaires très accommodantes. L’éventualité d’un choc exogène sur les marchés financiers ne doit pas être écartée. En effet, les foyers de tensions géopolitiques sont nombreux et l’étendue des régions concernées est de plus en plus vaste. De tels chocs seraient susceptibles d’entraîner une inversion de l’appétit des investisseurs pour le risque.

Dans la troisième partie de la Revue, la BCL effectue une analyse sectorielle du système financier luxembourgeois. Cette analyse porte notamment sur les évolutions récentes de la taille du secteur bancaire, des critères d’octroi de crédits, du résultat net, du ratio de solvabilité, du ratio de liquidité et de l’industrie des fonds d’investissement. A partir de ces différents critères, les sources éventuelles de vulnérabilité pour les acteurs financiers luxembourgeois sont identifiées.

Le secteur financier luxembourgeois a globalement maintenu le niveau de ses activités. Le secteur des fonds d’investissement a suivi une évolution plutôt favorable, tandis que le secteur bancaire a connu une légère progression de la somme de son bilan. Le financement sur le marché interbancaire affiche toutefois un recul qui a été plus que compensé par une progression des encours de dépôts de la clientèle, ce qui a permis une hausse de l’encours des crédits à la clientèle et du portefeuille de titres à l’actif.

Le résultat net des banques luxembourgeoises a progressé de manière substantielle. L’analyse du compte de profits et pertes indique que, malgré une marge sur intérêts en léger repli en raison de taux historiquement bas, la contraction des frais de personnel et d’exploitation combinée à la diminution de la constitution nette de provisions et des dépréciations nettes expliquent l’évolution positive du résultat net. Par ailleurs, le secteur bancaire continue à afficher des ratios de solvabilité confortables alors que les indicateurs de rentabilité demeurent stables sur une base annuelle.

La BCL s’appuie aussi sur les projections de plusieurs indicateurs afin d’appréhender l’évolution de la vulnérabilité de la place financière. L’examen de la trajectoire de l’indice de vulnérabilité au cours des huit prochains trimestres laisse présager que le secteur bancaire domestique demeurera robuste.

Les résultats pour le scénario de base des tests d’endurance conduits par la BCL indiquent une tendance plutôt orientée à la baisse des probabilités de défaut des contreparties des banques. L’ensemble des scénarios de stress sur le niveau des probabilités de défaut ont, quant à eux, une incidence défavorable. Toutefois, le système bancaire luxembourgeois dispose d’un ratio de solvabilité agrégé moyen de près de 20% qui permet amplement d’absorber l’impact des différents scénarios de choc.

Dans la dernière partie de la Revue, plusieurs études s’attachent à analyser certaines problématiques spécifiques au secteur financier luxembourgeois. La première contribution compare différents modèles et montre qu’un modèle à régimes multiples permet une meilleure quantification du risque des contreparties bancaires lorsque des chocs macroéconomiques surviennent. La deuxième étude indique que les prix de l’immobilier résidentiel au Luxembourg ont largement évolué en adéquation avec leurs fondamentaux, mais on peut également déduire de cette étude qu’il est nécessaire de maintenir une surveillance attentive des développements des prix immobiliers. Enfin, la troisième analyse révèle l’exposition limitée du côté de l’actif du secteur bancaire domestique aux organismes de placement collectif et leur relative dépendance aux financements qui en émanent.

La Revue de Stabilité financière est disponible sur simple demande, dans la limite des stocks disponibles, auprès de la BCL (info@bcl.lu) et peut également être téléchargée sur le site internet de la BCL (www.bcl.lu).