Prince Henri Auditoire 02 BW

Changes in bank specialisation: Comparing foreign subsidiaries and branches in Luxembourg

19.10.2011

Auteurs: Claudia CURI, Paolo GUARDA and Valentin ZELENYUK

Ce cahier d’études analyse les comptes financiers des banques luxembourgeoises afin de répondre à différentes questions. Les banques luxembourgeoises se spécialisent-elles dans différents domaines d’activité? La spécialisation a-t-elle évoluée à travers le temps? Considérant la présence importante de banques étrangères au Luxembourg, les filiales et les succursales ont-elles choisi une forme de spécialisation différente? A travers le temps, la différence entre filiales et succursales a-t-elle diminué ou augmenté? En 1995, date du début de notre échantillon, il y avait 220 banques au Luxembourg dont 146 étaient des filiales de banques étrangères, 70 étaient des succursales de banques étrangères et 4 étaient des banques domestiques. Les filiales représentaient 79,0% de la somme des bilans, les succursales 15,7% et les banques domestiques 5,4%. En 2007, le nombre de banques était tombé à 156 unités, dont 108 filiales, 43 succursales et 5 banques domestiques. La somme des bilans a augmenté à un rythme annuel moyen de 6,3% pour la période sous revue. En 2007 les filiales représentaient 80,6% de la somme des bilans, les succursales 14,2% et les banques domestiques 5,2%.

Pour chaque banque, cette étude considère la part de différentes composantes du bilan dans l’actif total et analyse la distribution de cette part à travers la population des banques. Pour une composante donnée (de l’actif ou du passif), le secteur financier dans son ensemble est considéré comme diversifié si la distribution de sa part à travers les banques est relativement plate (l’activité en question est peu importante pour certaines banques, moyennement importante pour d’autres, mais très importante pour d’autres encore). En revanche, le secteur est considéré comme spécialisé si la distribution à travers les banques est caractérisée par des pics (concentration de banques pour lesquelles l’activité en question est peu/très importante).

L’hétérogénéité de la population bancaire peut engendrer des distributions asymétriques, voire caractérisées par plusieurs pics. Il est donc nécessaire d’estimer les distributions par des méthodes non-paramétriques appropriées.

La comparaison de distributions entre différentes années -ou entre différents sous-échantillons à un moment donné- exige une technique particulière, dite du bootstrap. La convergence/divergence entre groupes est étudiée à l’aide de tests développés dans le domaine de la croissance économique. Les résultats suggèrent que dans certains cas il y a eu convergence de la structure de spécialisation des succursales vers celle des filiales tandis que dans d’autres cas il y a eu divergence.

Activité interbancaire: pour les prêts interbancaires, le secteur dans son ensemble est devenu moins spécialisé depuis 1995 (distribution plus plate). Ceci est largement le reflet de diversification entre filiales, puisque les succursales ont généralement connu une augmentation de leur spécialisation dans cette dimension. Cette différence entre filiales et succursales s’est accentuée pendant la crise financière et est devenue statistiquement significative. Du côté des dépôts interbancaires, l’ensemble du secteur semble être devenu moins diversifié (distribution moins plate), vu que plusieurs banques ont fortement réduit leur activité dans ce domaine. Les filiales en particulier ont généralement connu une croissance relativement faible des dépôts interbancaires (concentration vers des valeurs faibles). En revanche, les succursales ont développé une distribution bimodale dans les dépôts interbancaires (certaines se sont spécialisées dans ce domaine, tandis que d’autres ont préféré développer d’autres activités). Dans ce segment du marché, la divergence entre filiales et succursales est nette.

Activité avec la clientèle: pour les prêts à la clientèle, le degré de spécialisation est resté plus stable à travers le temps, avec des niveaux d’activité relativement faibles dans ce domaine pour la plupart des banques. Ce résultat caractérise l’ensemble du secteur mais aussi les filiales et succursales séparément. Pour ce qui est des dépôts de la clientèle, l’ensemble du secteur est devenu plus spécialisé, vu qu’une distribution initialement plate est clairement devenue bimodale. Les filiales ont augmenté leur spécialisation dans les dépôts de la clientèle, tandis que les succursales ont davantage développé d’autres activités. Depuis 1995, la divergence entre les distributions des filiales et des succursales est devenue statistiquement significative.

Obligations: La part des obligations détenues dans l’ensemble des actifs est très faible pour la plupart des banques luxembourgeoises, comme l’indique le pic vers zéro dans la distribution estimée (profil semblable pour filiales et succursales). Cependant, le bilan agrégé du secteur bancaire fournit une image différente, puisque les obligations y représentent presque un cinquième de l’actif total pour le secteur. Par conséquent, cette activité semble limitée à quelques grandes banques.

Ces résultats conduisent à plusieurs conclusions. Premièrement, l’étendue de la spécialisation (ou de l’hétérogénéité) est différente selon le segment du marché mais aussi à travers le temps. Deuxièmement, en comparant filiales et succursales, les distributions sont assez semblables pour les prêts interbancaires mais ont divergé pour les dépôts interbancaires. Pour les prêts à la clientèle et les dépôts de la clientèle, les différences entre groupes sont généralement plus importantes, notamment en ce qui concerne les dépôts de la clientèle. Troisièmement, en 2009 la crise financière a accentué les différences entre filiales et succursales pour toutes les variables considérées. Quatrièmement, en comparant 1995 et 2007, les distributions au sein des filiales ont changé de manière significative pour toutes les variables sauf pour les prêts à la clientèle. Entre 2007 et 2009, les distributions au sein des filiales ont changé significativement seulement pour les prêts et dépôts interbancaires. Pour les succursales, les distributions n’ont pas changé de façon significative à travers le temps ; toutefois la taille de l’échantillon est plus limitée.

Cette étude compare la spécialisation par type d’activité bancaire des filiales et des succursales et leur évolution à travers le temps. Ces résultats permettront une meilleure évaluation de la productivité et de l’efficacité des banques luxembourgeoises ainsi qu’une comparaison plus rigoureuse avec d’autres centres financiers.

Le cahier d’études peut être téléchargé sur le site de la BCL www.bcl.lu.