Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n° 147 - LED: An estimated DSGE Model of the Luxembourg Economy for Policy Analysis

07.08.2020

Auteur: Alban Moura 

Cet article présente un modèle d’équilibre général dynamique et stochastique (DSGE, en anglais) de l’économie luxembourgeoise, dénommé LED pour Luxembourg Estimated DSGE. L’article expose la structure du modèle, les étapes nécessaires à sa résolution et à son estimation, ainsi que les résultats de l’estimation. Il considère également quelques applications économiques relatives à la dynamique macroéconomique du Luxembourg. 

Contrairement à leurs prédécesseurs, dont la simplicité limitait les performances empiriques, les modèles DSGE actuels affichent une complexité suffisante pour reproduire de manière adéquate les propriétés statistiques des données macroéconomiques. De plus, cette amélioration de l’adéquation avec les données a été obtenue sans trop compromettre la nature structurelle des modèles, qui restent basés sur la théorie microéconomique et prennent en compte les anticipations des agents économiques. Ainsi, les modèles DSGE modernes sont moins sensibles à la célèbre « critique de Lucas » que les modèles macro-économétriques traditionnels et offrent un cadre attractif pour l’analyse de la politique économique. Tout ceci explique la croissance du nombre de modèles DSGE développés dans des institutions telles que les banques centrales au cours des années passées. 

Le modèle LED partage la structure générale des nouveaux modèles keynésiens utilisés dans les banques centrales. Il prend aussi en compte trois spécificités de l’économie luxembourgeoise : le contenu en importations élevé de la production domestique, le rôle majeur des travailleurs transfrontaliers sur le marché du travail domestique et l’appartenance du pays à la zone euro, cette dernière impliquant l’exogénéité de la politique monétaire pour le Luxembourg. Le modèle LED inclut également plusieurs instruments de politique budgétaire notamment sous forme de dépenses publiques et de taxes sur la consommation et les revenus. Finalement, il convient de noter que, si le secteur financier n’apparait pas de manière explicite dans le modèle LED, il reste pris en compte implicitement. Puisque les services financiers représentent environ 30% du PIB luxembourgeois et 50% des exportations, tout modèle capable de reproduire les agrégats macroéconomiques du pays doit nécessairement capturer en partie le comportement du secteur financier. 

Le modèle LED est estimé, à partir de techniques bayésiennes, sur un ensemble de données concernant l’économie luxembourgeoise, la zone euro et le reste du monde pour la période 1995Q1-2019Q4. Les résultats de l’estimation indiquent que le modèle parvient à reproduire les caractéristiques importantes des données : les paramètres estimés prennent des valeurs raisonnables et le modèle capture bien les relations statistiques entre les variables dans l’échantillon. Ces résultats suggèrent que le modèle constitue un outil empirique intéressant pour l’analyse économique à la BCL. La fin du papier présente quelques applications potentielles, par exemple l’étude des effets des chocs d’offre, de demande et des chocs extérieurs sur l’économie luxembourgeoise, l’identification des chocs et frictions importants pour la dynamique économique du Luxembourg et l’interprétation des développements économiques passés. 

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu