Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n°125 : Shadow Banking and the Great Recession: Evidence from an Estimated DSGE Model

06.03.2019

Auteurs: Patrick Fève, Alban Moura et Olivier Pierrard 

L’éclatement de la bulle immobilière en 2007 et l’effondrement des marchés financiers l’année suivante ont plongé les Etats-Unis dans ce qui est désormais qualifié de “Grande Récession”. Récemment, de nombreux économistes ont eu recours à des modèles dynamiques d’équilibre général (DSGE, pour Dynamic Stochastic General Equilibrium) pour identifier les chocs à l’origine non seulement de la récession, mais également du redressement particulièrement lent qui y a succédé. 

Ces études concluent généralement que la récession et le lent redressement trouvent en grande partie leur origine dans des chocs négatifs décourageant l’investissement. Plus précisément, ces chocs affectent la transformation de l’investissement en capital productif : dans ce type de modèle, la création de capital productif peut être un processus plus ou moins aisé et efficace selon la réalisation de ces chocs. Dans le monde réel, le système financier joue un rôle crucial dans ce processus de transformation de l’investissement en capital productif. Ainsi, dans les modèles DSGE qui font abstraction du secteur financier, les imperfections de l’intermédiation financière sont répliquées par ces chocs d’investissement exogènes. 

Dans ce papier, nous proposons un modèle DSGE de l’économie américaine avec un secteur financier explicite constitué d’un secteur bancaire parallèle (shadow bank sector) interagissant avec un secteur bancaire traditionnel. Comme les banques traditionnelles, les banques parallèles participent au financement de l’économie. Par contre, elles ne reçoivent pas de dépôts de la part des ménages et ne sont pas soumises à la réglementation bancaire. Nous introduisons deux chocs bancaires dans le modèle, l’un spécifique aux banques traditionnelles et l’autre spécifique aux banques parallèles. 

Nous estimons ensuite le modèle sur données américaines à l’aide d’une approche bayésienne. Nous obtenons deux résultats majeurs. Premièrement, le déclenchement de la Grande Récession est principalement dû à un choc négatif lié au secteur bancaire parallèle. Dans un second temps, un choc négatif lié aux banques traditionnelles se superpose au premier et aggrave la crise économique et financière. Ces deux chocs sont très persistants et expliquent également le redressement particulièrement lent qui a suivi la récession. Cette interprétation des évènements est en accord avec la narration généralement admise, à savoir une crise des crédits subprimes dégénérant ensuite en crise bancaire généralisée. Deuxièmement et en contraste avec les résultats de la littérature académique, les chocs sur l’investissement ne contribuent pas à expliquer la récession et sont même positifs durant le lent redressement, c’est-à-dire qu’ils soutiennent la reprise de la production. Ainsi, nos résultats soulignent l’origine financière de la crise et confirment que, dans les modèles sans secteur financier, le choc d’investissement n’est qu’une approximation des chocs financiers qui sont survenus dans le monde réel. 

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème. 

 

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu