Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d'Etudes 78

25.10.2012

Auteurs : Thomas Mathä, Alessandro Porpiglia, Michael Ziegelmeyer

 

Depuis 2000, le nombre de non-résidents qui travaillent au Luxembourg a augmenté de 77%, pour atteindre 44% de l’emploi intérieur en 2011. Néanmoins, jusqu’à présent, il existe peu d’informations concernant la situation financière (revenus, actifs, passifs) des ménages non-résidents en général et des travailleurs frontaliers en particulier. Ce cahier fournit des estimations préliminaires sur le revenu, le patrimoine et la consommation des ménages frontaliers résultant d’une enquête effectuée par la BCL en 2010-2011 en cooperation avec le CEPS/Instead, ainsi qu’une description détaillant la collecte et le traitement des données. Il s’agit d’une enquête complémentaire à celle concernant les ménages residant au Luxembourg (dont les premiers résultats ont été publiés dans un encadré du bulletin BCL 2012-1). L’enquête porte sur les ménages résidant dans les régions limitrophes du Luxembourg et dont au moins un member travaille au Luxembourg à la date de l’enquête.

 

 

Estimations du revenu et du patrimoine

 

Le revenu perçu au Luxembourg peut comprendre les salaires de plusieurs membres du même ménage. Pour l’année 2009, le revenu total brut s’élève en moyenne à €55 000 pour les ménages frontaliers français (médiane €41 250), à €69 000 pour les belges (médiane €55 000) et à €70 000 pour les allemands (médiane €55 000). Comme base de comparaison, parmi les ménages résidant au Luxembourg qui disposent d’un revenu, la valeur moyenne est de pratiquement €74 000. Pour 46% des ménages frontaliers, le revenu au Luxembourg est complété par un revenu obtenu dans le pays de résidence, qui correspond généralement au revenu du conjoint. Néanmoins, seuls 14% du revenu total proviennent du pays de résidence,.

 

Le patrimoine net par ménage (la somme des actifs réels: biens immobiliers, véhicules, etc., et des actifs financiers: comptes bancaires, parts d’OPC, participations, assurance-vie,  et en déduisant les dettes éventuelles) est estimé à €240 000 pour les frontaliers.

En moyenne, le patrimoine net des ménages frontaliers ne représente que 34% du patrimoine net des ménages résidents. En tout cas, les mêmes différences caractérisent les deux principales composantes du patrimoine, à savoir les biens réels et les biens financiers.

 

En moyenne, il est légèrement plus probable qu’un ménage frontalier soit propriétaire de sa résidence principale. Pour les ménages résidant, 67% possèdent leur résidence principale, la proportion correspondante atteignant 72%. La résidence principale sert de collateral d’un prêt hypothécaire pour 40% et 33% des ménages frontaliers et luxembourgeois. En ce qui concerne les seuls ménages frontaliers qui sont propriétaires de leur résidence principale, la valeur moyenne de l’immeuble est de €268 000, ce qui représente 44% de la valeur moyenne se rapportant aux ménages résidents (soit près de € 612 000). La valeur de la résidence principale ne varie pas significativement entre pays frontaliers. Pour les ménages frontaliers qui détiennent un prêt hypothécaire sur leur résidence principale, la valeur moyenne correspondante est de €114 000. Cette valeur est très inférieure au chiffre relative aux ménages résidents (€169 000).

 

Parmi les ménages frontaliers, 60% déclarent posséder du patrimoine financier. Parmi les ménages frontaliers qui déclarent détenir du patrimoine financier, le montant moyen est de €55 000, soit un montant largement inférieur à la somme moyenne des ménages résidants (soit €73 000). Même si la plus grande part du patrimoine financier est investie dans le pays de résidence, les ménages frontaliers investissent également ailleurs. En moyenne, les ménages frontaliers qui investissent à l’étranger détiennent €30 000 au Luxembourg.

 

Environ un tiers des ménages frontaliers ont contracté d’autres prêts que des emprunts hypothécaires. Ce chiffre est le plus élevé parmi les frontaliers français (38%) et le moins

élevé parmi les frontaliers allemands (25%). Il est relativement fréquent pour les ménages frontaliers de contracter une partie de ces prêts en dehors de leur pays de résidence. Parmi les ménages qui ont contracté un prêt non-hypothécaire, la valeur moyenne est de €26 000, contre €22 000 relatif aux ménages résidant au Luxembourg.

 

 

Estimations de la consommation du ménage frontalier

 

 

Les ménages frontaliers ont dépensé en moyenne €9 300 au Luxembourg en 2010. Les dépenses les plus importantes sont engagées par les ménages frontaliers en provenance de Belgique (€10 000), suivi par les ménages frontaliers de la France (€9 900) et de l'Allemagne (€7 600). Les achats de combustibles représentent la plus grande part de ces dépenses, soit près de €2 500 en moyenne avec un écart négligeable entre les pays de résidence. En moyenne, environ 17% du revenu brut perçu de Luxembourg, qui sont estimés pour un montant total d’environ €925 millions par an, sont également consommés sur le territoire du Grand-Duché.

 

 

Conclusions

 

Ce cahier présente des résultats préliminaires portant sur le revenu, le patrimoine et la consommation des ménages de travailleurs frontaliers au Luxembourg résidant au sein de la Grande-Région. Il contribue ainsi à combler une lacune importante dans les statistiques relatives à ce groupe de salariés, qui revêt une importance grandissante pour l’économie luxembourgeoise, également en ce qui concerne la consommation de produits et services sur le territoire luxembourgeois. Les premiers résultats montrent que la différence entre ménages résidents et ménages frontaliers est plus importante en termes de patrimoine qu’en ce qui concerne les revenus. La différence majeure provient de la valeur des biens immobiliers.