Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du cahier d’études n°48: Downward wage rigidity and automatic wage indexation: Evidence from monthly micro wage data

04.10.2010

Auteurs:

 Patrick Lünnemann et Ladislav Wintr

Ces dernières années, la rigidité des salaires a attiré l’attention des économistes ainsi que de la politique monétaire. Au niveau théorique, la littérature néokeynésienne a réaffirmé le rôle de la rigidité des salaires et la pertinence du recours aux micro-données. En effet, en contraignant l’ajustement des salaires, la rigidité des salaires peut être une source de chômage. De plus, étant donné qu’un taux d’inflation modéré permet une réduction des salaires réels, le taux d’inflation optimal est d’autant plus élevé que le degré de rigidité nominale des salaires est important. Tandis que l’importance des rigidités de salaires est largement reconnue d’un point de vue théorique, l’analyse microéconomique empirique suggère un niveau d’hétérogénéité élevé quant au degré de rigidités des salaires non seulement à travers différents pays, mais également selon différentes bases de données au sein d’un seul pays. Une première source potentielle de l’écart important en matière de rigidité de salaires obtenu entre différents pays est liée aux aspects institutionnels très différents des marchés de l’emploi nationaux. De plus, l’écart important du degré de rigidité des salaires au sein d’un seul pays est souvent le résultat d’erreurs de mesure.

 Cette analyse est le fruit d’une étude menée au sein de l’Eurosystem Wage Dynamics Network, un réseau de recherche au sein de l’Eurosystème. L’objectif principal de cette étude est d’analyser le degré de rigidité (nominale et réelle) des salaires pour le Luxembourg sous l’aspect particulier de la rigidité des salaries à la baisse. L’analyse se base sur des salaires mensuels nominaux compiles par l’Inspection Générale de la Sécurité Sociale. La base de données couvre l’ensemble de l’économie nationale. La période de référence s’étend de janvier 2001 à janvier 2007. L’étude, qui complémente l’analyse “ Wages are flexible, aren’t they? Evidence from monthly micro wage data�? (cahier d’études BCL n° 39), se focalise sur une gamme d’indicateurs de rigidité des salaires développés dans le cadre de l’International Wage Flexibility Project (IWFP). Premièrement, nous analysons le degré de rigidités des salaires au Luxembourg qui, à ce stade, n’avait pas participé à l’IWFP, alors que le marché de l’emploi y fait preuve d’un nombre de caractéristiques spécifiques. Deuxièmement, afin d’évaluer la robustesse de nos résultats, les résultats basés sur les procédures développées par l’IWFP sont comparés à deux approches alternatives d’identifier et de limiter l’erreur de mesure. Troisièmement, tandis que les procédures IWFP sont typiquement utilisées pour l’analyse de la rigidité des salaires au niveau de l’économie nationale ou une sélection de secteurs économiques, nous analysons également d’éventuelles différences entre statuts et entre entreprises.

Les résultats sont en résumé les suivants:

Premièrement, la base de données est sujette à deux types d’erreurs de mesure qui peuvent biaiser à la baisse le degré de rigidité des salaires. Tandis que la fréquence d’une diminution des salaires nominaux n’est pas négligeable selon les données brutes, les trois approches utilisées afin d’identifier et de limiter les erreurs de mesure suggèrent qu’une variation annuelle négative des salaires est très rare.

Deuxièmement, et contrairement aux résultats pour d’autres pays, la distribution du changement annuel des salaires révèle une forte concentration de la variation des salaires autour de 2.5% alors que le nombre d’augmentations de salaires inférieures au taux d’augmentation stipulé par le mécanisme de l’indexation automatique (2.5%) est très faible. Par conséquent, le degré de rigidité réelle des salaires à la baisse au Luxembourg est nettement plus élevé que dans les autres pays étudiés dans le cadre de l’IWFP.

Troisièmement, ces résultats sont robustes par rapport à la procédure utilisée pour identifier et limiter l’erreur de mesure et par rapport aux deux procédures d’estimation de la rigidité des salaires employées dans le cahier.

Quatrièmement, nous ne constatons qu’un écart limité entre les trois statuts et les secteurs de l’économie au niveau de la fréquence d’une diminution des salaires. Ainsi, notre analyse suggère que la rigidité réelle des salaires à la baisse très répandue au Luxembourg est le résultat d’un facteur essentiellement commun à l’économie entière (plutôt que des facteurs spécifiques à l’entreprise). Nous montrons que l’indexation automatique a des implications importantes pour la distribution de la variation des salaires et la rigidité réelle des salaires. La confirmation de ces résultats en incorporant les années les plus récentes durant lesquelles l’économie luxembourgeoise a été confrontée à une crise majeure sera l’objectif d’une future recherche.