Prince Henri Auditoire 02 BW

Balance des paiements du Luxembourg au premier semestre 2020

06.10.2020

La Banque centrale du Luxembourg (BCL) et le STATEC font savoir que les chiffres de la balance des paiements, publiés le 21 septembre, se sont inscrits dans le cadre d’une grande révision (qui a normalement lieu tous les 5 ans). Les nouvelles données à partir de 2002 comportent non seulement de nombreuses mises à jour et corrections, mais également certains changements méthodologiques. Pour les années antérieures à 2012, les révisions ont surtout porté sur le compte courant. Elles ont entraîné une baisse sensible de son solde, tout en affectant fortement ses sous-composantes. Ces changements ont pourtant été nécessaires, non seulement pour éliminer les ruptures de séries, mais également pour améliorer la cohérence avec d’autres statistiques et pour refléter le traitement de certains phénomènes de globalisation dès les débuts de compilation de la balance courante, dont notamment :

  • l’estimation des entités à vocation spéciale (anciennes sociétés de type holding) par la somme des coûts encourus au Luxembourg ;
  • l’enregistrement du « toll manufacturing » (entités résidentes coordinatrices du processus de production à l’étranger, restant propriétaires des biens tout au long de la chaîne) sous « marchandises générales » (pour la partie achat de matières premières et vente de produits finis) et sous services de fabrication (pour la partie coût de production y compris la main d’œuvre à l’étranger).

Le solde du compte courant du premier semestre 2020 s’élève à 706 millions d’euros, soit une baisse de 1.4 milliard par rapport à la même période 2019. Aussi bien le solde des biens que ceux des revenu primaire et secondaire ont chuté, la baisse du dernier s’expliquant notamment par une hausse des cotisations sociales versées aux frontaliers pendant le confinement (chômage partiel, congé extraordinaire pour raisons familiales etc.). La crise sanitaire a cependant eu des répercussions sur toutes les balances partielles du compte courant, même si certaines ne sont pas visibles au premier coup d’œil.

Au niveau des biens, les exportations et importations ont affiché une baisse d’environ 17% au premier semestre 2020, la baisse ayant touché tous les types de produits avec comme point bas le mois d’avril. En ce qui concerne les échanges internationaux de services, la situation est différente. Les services financiers ont tiré relativement bien leur épingle du jeu (avec +4.5% et +6.4% respectivement pour les exportations et importations, par rapport au premier semestre 2019). En effet, le secteur financier a été moins impacté par la crise sanitaire que le reste de l’économie. Après deux mois de baisse consécutive en février et mars, les actifs nets sous gestion des fonds d’investissement (qui ont l’impact le plus important sur les services financiers) ont depuis lors renoué avec la croissance (+4% au premier semestre 2020). D’un autre côté, les services non financiers ont subi une baisse importante tant pour les exportations (-10.7%) que pour les importations (-12.2%). Les services les plus affectés par cette évolution sont les services de voyage (avec notamment l’effondrement des voyages d’affaires), les autres services aux entreprises, ainsi que les services personnels, culturels et de récréation.

Dans le compte financier, au premier semestre 2020, les flux d’investissements directs sont restés caractérisés par des opérations de désinvestissement tant pour les avoirs (-123 milliards d’euros) que pour les engagements (-69 milliards d’euros). Ces opérations ont concerné quelques SOPARFI, qui ont poursuivi leurs opérations de restructuration, de cessation ou de délocalisation de leurs activités.

Concernant les investissements de portefeuille, le deuxième trimestre 2020 s’est caractérisé par la reprise des placements dans les actions luxembourgeoises (parts d’OPC en grande partie), après les ventes nettes observées premier trimestre 2020, dans un contexte de chute des cours boursiers consécutive à la pandémie du Covid-19. Les transactions sur les actions luxembourgeoises se sont ainsi globalement soldées par des entrées nettes de 71 milliards d’euros au premier semestre 2020. Les titres de dette luxembourgeois ont en revanche subi des ventes nettes de 34 milliards d’euros au premier semestre 2020.

Les résidents luxembourgeois ont continué à se détourner des titres étrangers de participation dont les transactions se sont soldées par des ventes nettes de 35 milliards d’euros au premier semestre 2020. Par contre, les titres de dette étrangers ont subi des achats nets à concurrence de 63 milliards d’euros sur la même période.

Les tableaux statistiques détaillés sont disponibles sur les sites Internet de la BCL (www.bcl.lu) et du STATEC (www.statistiques.public.lu).

 

Tableau : Balance des paiements du Luxembourg

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