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Publication du Cahier d’études n° 199 : A System-Wide Stress Testing for Luxembourg Financial Sector
Auteurs: José FIQUE et Xisong JIN
La mise à l’épreuve de la résilience du système financier dans son ensemble (system-wide financial stress testing) est devenue un cadre essentiel pour évaluer la résilience du système financier, tant dans la littérature académique que dans la conduite de la politique macroprudentielle. Le procédé consiste à évaluer la capacité du système financier à absorber des chocs tout en maintenant opérationnelles ses fonctions essentielles. Compte tenu de la complexité croissante du système financier luxembourgeois et la diversité de ses acteurs, il est important de renforcer la surveillance du secteur financier au Luxembourg sous un angle systémique. Une telle perspective à l’échelle du système serait également appropriée pour d’autres systèmes financiers étrangers complexes.
Cette étude développe un cadre structurel pour les tests d’endurance à l’échelle du système, intégrant de multiples canaux de contagion et d’amplification qui interagissent via l’interaction du risque de liquidité et de solvabilité. Ce cadre permet d’identifier les vulnérabilités émanant des banques et des fonds d’investissement au Luxembourg. Il s’inspire du cadre de tests de résistance développé par la BCE en y intégrant d’une part la relation entre les flux et les performances, et d’autre part la gestion de la liquidité des fonds d’investissement avec à la fois l’effet de levier et les objectifs ciblés de trésorerie. En capturant simultanément les risques de marché, de crédit et de liquidité, le cadre adopté met en évidence les interactions entre liquidité et solvabilité, permettant des ajustements dynamiques du bilan, une intégration avancée des contraintes réglementaires et une formation endogène des prix de marché.
L’étude couvre la quasi-totalité des banques (hors succursales) et trois grandes catégories de fonds d’investissement au Luxembourg : les fonds actions, les fonds obligataires et les fonds mixtes. Les chocs exogènes proviennent de scénarios hypothétiques défavorables, similaires à ceux de la Grande Crise Financière, à la crise de la dette souveraine et à la récente pandémie de COVID-19. Plusieurs faits stylisés sont décrits pour les banques et les trois catégories de fonds d’investissement sur la période 2020-2023. Premièrement, les chocs simulés ont des effets de premier tour et d’ordre supérieur significatifs sur les fonds d’investissement, en particulier sur les fonds actions. En outre, les fonds obligataires présentent un facteur d’amplification plus élevé que les autres types de fonds. Deuxièmement, l’impact sur les banques luxembourgeoises est nettement atténué. L’épuisement global des fonds propres des banques, mesuré par le montant total d’exposition au risque, demeure faible même dans le cas de matérialisation d’un risque très sévère. Ceci reflète la robustesse du secteur bancaire luxembourgeois dans son ensemble. Enfin, pour les fonds d’investissement comme pour les banques, leurs vulnérabilités continuent de refléter la procyclicité du système financier. Au vu de ces résultats, la modélisation conjointe des banques et des entités financières non-bancaires apporte une réelle valeur ajoutée aux capacités d’analyse des banques centrales et éclaire les décideurs dans l’élaboration de futurs outils macroprudentiels pour le secteur des intermédiaires non-bancaires.
Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.
Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu