Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du cahier d'études n° 61: The Impact of the Basel III Liquidity Regulations on the Bank Lending Channel: a Luxembourg Case Study

01.07.2011
Auteurs: Gaston GIORDANA et Ingmar SCHUMACHER

Le nouveau cadre réglementaire pour la surveillance de la liquidité développé par le Comité de Bâle en réponse à la récente crise financière a pour objectif l'amélioration de la capacité de résistance des banques face à l'émergence des chocs de liquidité. Avec l'introduction du Liquidity Coverage Ratio (LCR) et du Net Stable Funding Ratio (NSFR), les régulateurs cherchent à encourager un renforcement de la gestion de la liquidité des banques. Les changements attendus de la composition des bilans bancaires suite à la mise en œuvre de ces nouvelles règles (i.e. Bâle III) auraient potentiellement un impact sur le mécanisme de transmission de la politique monétaire. Dans cet article nous étudions, à partir d'estimations économétriques et de simulations, la façon dont Bâle III affecterait le canal de transmission dit des crédits bancaires. A cette fin, nous utilisons des données relatives au secteur bancaire Luxembourgeois.

En premier lieu, nous avons identifié le canal des crédits bancaires en utilisant des données individuelles pour un échantillon représentatif des banques établies au Luxembourg. La littérature empirique sur l'estimation du canal des crédits bancaires suggère l'utilisation des données individuelles afin d'évaluer si des banques avec des compositions bilantaires distinctes réagissent différemment face à un choc de politique monétaire. Nous avons appliqué cette stratégie en utilisant comme caractéristique bilantaire une mesure continue du degré de conformité avec les ratios de liquidité de Bâle III. Aussi, nous avons préalablement construit des séries temporelles du LCR et du NSFR à partir des données bilantaires propres à chaque banque.

En second lieu, nous analysons quantitativement l'impact des nouveaux ratios de liquidité sur le mécanisme de transmission de la politique monétaire, en l'occurrence le canal des crédits bancaires. Dans cet objectif, nous utilisons deux approches différentes. Premièrement, nous quantifions, à partir des résultats des estimations économétriques, le changement dans l'effet de la politique monétaire sur l'offre des crédits suite à une progression du degré de conformité avec les ratios de liquidité. Ceci nous permet de prédire, au regard de l'information véhiculée par les données, l'impact sur le canal des crédits bancaires de la mise en œuvre des nouvelles règles en matière de liquidité.

Les données historiques peuvent seulement fournir des informations limitées sur la façon dont le LCR et le NSFR affecteraient la transmission de la politique monétaire. Plus l'impact de la réglementation sur les bilans des banques est important, moins précise est cette information. Notre deuxième approche est alors un exercice contrefactuel qui consiste, dans un premier temps, à simuler les bilans des banques en maximisant, sous les contraintes de la nouvelle régulation, leurs fonctions de profit. Par la suite, nous utilisons les données simulées pour analyser empiriquement l'impact sur le canal des crédits bancaires.

Nos résultats indiquent que la transmission de la politique monétaire à travers le canal des crédits bancaires s'effectue par le biais des banques les plus petites et dont le degré de conformité avec le NSFR est le moins élevé.

Ce résultat donne un aperçu des effets potentiels que le respect des ratios de liquidité peut avoir sur le mécanisme de transmission de la politique monétaire. Nos analyses révèlent que l'adhésion au NSFR permettrait de réduire l'importance du canal des crédits bancaires au Luxembourg parce que les banques seraient mieux préparées pour résister à une politique monétaire restrictive. Toutefois, le respect du LCR ne ferait que réduire la pertinence de ce canal pour les banques proches d'être en conformité avec le NSFR tandis qu'il l'accroîtrait pour les autres. Ainsi, plus la banque sera proche de respecter le niveau légal du LCR, plus les fonds disponibles pour alimenter la croissance de ses prêts seront moindres. Par ailleurs, si les banques sont contraintes par un financement moins stable, la réaction de l'offre de crédits à un resserrement de la politique monétaire serait plus forte.

Le résultat de l'exercice contrefactuel confirme l'analyse précédente et nous amène à la conclusion générale qu'au Luxembourg, et après le respect des normes de Bâle III, la transmission de la politique monétaire se fera dans une moindre mesure à travers le canal des crédits bancaires.

 

Le cahier d'études n° 61 de la BCL peut être téléchargé sur le site de la BCL www.bcl.lu