Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n° 139: Health Subsidies, Prevention and Welfare

13.01.2020

Auteurs: Luca Marchiori et Olivier Pierrard 

 

Dans la plupart des pays développés, les dépenses liées aux soins de santé sont importantes. Ainsi, dans l’Union européenne, les dépenses totales en soins de santé s’élevaient à 10,1 % du PIB en 2015 et les dépenses publiques seules à 8 % du PIB. Par ailleurs, les dépenses en soins de santé sont relativement plus importantes pour les personnes âgées, du fait que les traitements sont typiquement plus onéreux et généralement plus longs. C’est pourquoi il peut être dans l’intérêt public d’encourager les actions préventives (dépistages, vaccinations, etc.) afin de diminuer les coûts curatifs qui devraient être mis en œuvre plus tard. 

Si les prix élevés de certains soins préventifs peuvent décourager leur utilisation, les subventions publiques (par exemple à travers le remboursement partiel de ces soins) pourraient cependant être un moyen d’encourager la participation. En d’autres termes, 1 euro de subside payé aujourd’hui par l’Etat visant à encourager les soins préventifs peut améliorer la santé d’un individu et permettre ainsi à ce même Etat d’économiser demain en soins curatifs. Le but de ce papier est de déterminer le taux optimal de subvention afin de maximiser le bien-être d’un agent représentatif. 

Pour ce faire, nous construisons un modèle d’équilibre général à générations imbriquées. Dans notre modèle, un individu vit pendant deux périodes. Lorsque l’individu est jeune, il utilise ses revenus pour consommer, épargner ou bien investir dans sa santé (soins préventifs). Ces soins préventifs peuvent être en partie subventionnés par le gouvernement. Lorsque l’individu est âgé, il utilise son épargne pour consommer et son investissement en soins préventifs lui permet d’améliorer son état de santé et donc son bien-être. Un individu âgé en bonne santé coûtera également moins cher à l’Etat en soins curatifs. Le budget de l’Etat est en équilibre à chaque période et finance les soins préventifs (partiellement selon le taux de subvention) ainsi que les soins curatifs à travers une taxe sur les revenus du travail, qui engendrera par ailleurs des distorsions dans l’économie. 

Une hausse du taux de subvention affecte l’économie via différents canaux. Premièrement, pour un niveau de dépenses en soins préventifs donné, une hausse du taux de subvention est coûteuse pour les finances publiques et le gouvernement devra donc augmenter la taxe sur les revenus du travail. Deuxièmement, à revenus donnés, une hausse du taux de subvention va stimuler l’utilisation de soins préventifs au détriment de la consommation et de l’épargne. Troisièmement, l’utilisation de soins préventifs va améliorer l’état de santé et diminuer les soins curatifs, donc réduire les dépenses publiques plus tard. Ce canal, que l’on nomme health externality channel dans notre papier, est évidemment crucial pour nos résultats. Une externalité forte signifie que la prévention est efficace et/ou que la prévention est dirigée vers des pathologies spécifiques qui permettent des gains pécuniaires importants plus tard. 

Certaines hypothèses techniques nous permettent de calculer la solution du modèle et d’obtenir tous nos résultats de manière analytique. Deux résultats principaux se dégagent de notre analyse. Premièrement, nous montrons que le taux de subvention qui maximise le bien-être d’un agent représentatif dépend positivement de l’externalité décrite ci-dessus et des coûts des soins curatifs. Il dépend par contre négativement du poids que l’agent accorde au futur, c’est-à-dire à sa situation (richesse financière et santé) quand il sera âgé. Deuxièmement, nous montrons que le taux de subvention qui maximise le bien-être est toujours plus grand que le taux qui maximise l’accumulation de capital (c’est-à-dire la production) et toujours plus petit que le taux qui maximise le niveau de santé des individus. Maximiser la production signifie que l’on accepterait une réduction du niveau de santé avec en contrepartie une diminution des taxes et une augmentation de l’épargne et donc de l’investissement. Maximiser le niveau de santé signifie que l’on accepterait une taxation élevée et une réduction de sa consommation. 

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème. 

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu