Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n° 141 : Macroprudential stress testing: A proposal for the Luxembourg investment fund sector

06.03.2020

Auteur: Kang-Soek Lee

 

 

Avec un actif net sous gestion s'élevant à plus de cinq billions d'euros en septembre 2019, le secteur des fonds d'investissement au Luxembourg constitue désormais une source de financement importante pour l'économie réelle. Mais, en parallèle, ceci signifie également que la probabilité que la vulnérabilité du secteur puisse provoquer des risques systémiques et donc menacer la stabilité financière soit désormais plus élevée qu’auparavant. Dans ce contexte, les autorités sont à la recherche des cadres d’analyse et outils de surveillance macroprudentiels adaptés au secteur des fonds d'investissement.

 

Dans ce papier, nous proposons d’évaluer la « vulnérabilité agrégée (VA) » du secteur, une mesure de risque systémique, à l’aide des tests de résilience macroprudentiels, opposés à des tests traditionnels qui ont souvent été effectués par des fonds d’investissement eux-mêmes dans une perspective microprudentielle. En particulier, le modèle proposé comprend deux paramètres clés, la sensibilité des flux aux performances (SFP) et l’impact sur les prix (i.e. ratio du changement de prix au volume de transaction), afin de tenir compte des effets de second tour (second round effects). D’une part, nous utilisons des modèles de vecteur autorégressif à changement de régime markovien (MS-VAR) pour calibrer le paramètre SFP sous l’hypothèse de non-linéarité. D’autre part, nous utilisons le ratio d’Amihud afin de calibrer le paramètre d'impact sur les prix comme une série temporelle.

 

Les résultats empiriques suggèrent que, pendant la période de décembre 2008 à novembre 2019, les fonds obligataires ont été les plus vulnérables, suivis par les fonds d'actions et par les fonds mixtes. Pour novembre 2019, les résultats suggèrent une vulnérabilité globale du secteur de 66,7 points de base sous l'hypothèse d'un choc de -5% sur les rendements des fonds, ce qui signifie que le secteur serait potentiellement exposé à une liquidation de 0,667% de ses fonds propres globaux si les marchés boursiers et obligataires reculaient de 5%. Cette ampleur de vulnérabilité globale du secteur peut suggérer que le secteur est plutôt résilient aux chocs exogènes et ne devrait donc pas poser de problème particulier pour la stabilité financière au Luxembourg.

 

En revanche, cette conclusion doit être interprétée dans le contexte actuel où il y a un risque élevé de renversement des primes de risque au niveau global. En effet, un tel renversement augmenterait la probabilité que les investisseurs changent subitement leur comportement de prise de risque, ce qui pourrait renforcer la vulnérabilité globale des fonds d’investissement, notamment si un tel changement était combiné avec une SFP plus élevée et un ratio du changement de prix au volume de transaction plus élevé. Par conséquent, une surveillance macroprudentielle continue du secteur des fonds d'investissement est justifiée.

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

 

 

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu