Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n° 173 : Household indebtedness and their vulnerability to rising interest rates

16.06.2023

Auteurs : Gaston Giordana et Michael Ziegelmeyer

Le contexte actuel de forte inflation et de hausses des taux d’intérêt pourrait accroître la vulnérabilité financière des ménages luxembourgeois, qui sont en général très endettés. Si les chocs persistent longtemps, les perspectives économiques pourraient se détériorer et les risques pour la stabilité financière pourraient augmenter. Cet article utilise des micro-données sur les ménages individuels de l’enquête luxembourgeoise sur les finances et la consommation des ménages (HFCS), y compris la dernière vague menée fin 2021, pour identifier les poches de vulnérabilité financière au sein de la population résidente. Nous calculons plusieurs indicateurs de charge de la dette pour chaque ménage et les utilisons pour estimer la part des ménages financièrement vulnérables. Sept indicateurs sont analysés : le ratio dette/revenu, le ratio dette/actif et le ratio prêt/valeur, le ratio service de la dette/revenu, le ratio service de la dette hypothécaire/revenu, la probabilité de défaut et le ratio actifs liquides nets/revenu. Depuis la fin de 2021, la situation macroéconomique a considérablement changé, déclenchant des hausses des taux d’intérêt. Pour refléter ces changements, nous utilisons les données HFCS de la vague 2021 pour simuler plusieurs composantes des flux financiers et des bilans des ménages individuels pour les années 2022 et 2023 en utilisant les projections macroéconomiques de la BCL de décembre 2022. Pour tenir compte de la l’incertitude entourant les projections, nous avons effectué une analyse de sensibilité qui évalue la robustesse de nos résultats. Selon plusieurs indicateurs, la part des ménages financièrement vulnérables au Luxembourg a augmenté entre 2018 et 2021. Notamment, le ratio dette/revenu s’est détérioré, car l’endettement des ménages a augmenté plus rapidement que leur revenu. Nos simulations suggèrent qu’en 2022 et 2023 le service de la dette a augmenté plus rapidement que le revenu et que la probabilité de défaut a aussi augmenté en moyenne. Cependant, le ratio dette/actif et le ratio prêt/valeur sont restés stables entre 2018 et 2021, la dette et la valeur de l’immobilier ayant augmenté à peu près au même rythme. Selon nos simulations, cette évolution aurait tendance à s’inverser légèrement en 2022 et 2023. Enfin, le ratio liquidités nettes/revenu s’est légèrement amélioré entre 2018 et 2021, bien que les simulations suggèrent une légère détérioration en 2022 et 2023. En examinant la situation financière des ménages selon le niveau des revenus, le risque de crédit se trouve concentré parmi les ménages plus modestes. Cependant, selon les données de l’enquête HFCS, les 20 % des ménages aux revenus les plus modestes ne représentent que 9 % de la dette totale du secteur des ménages et 11 % du nombre de contrats hypothécaires au Luxembourg, ce qui limite l’éventuel impact sur la consommation privée et l'activité économique agrégée.

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu