Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n°119 - The Cross-border Household Finance and Consumption Survey: Results from the second wave

04.04.2018

Auteurs: T. Y. Mathä, G. Pulina, M. Ziegelmeyer

Les travailleurs frontaliers, qui sont employés au Luxembourg et résidents dans un pays limitrophe, sont très importants pour l’économie luxembourgeoise. Ayant représenté près de 45 % des emplois au Luxembourg en 2017 et ils contribuent de manière significative à la demande de produits et services luxembourgeois.

Afin de mieux connaître cette population, la Banque centrale du Luxembourg (BCL), en coopération avec le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER), mène une enquête sur le comportement financier et de consommation des ménages comprenant des travailleurs frontaliers (XB-HFCS). Cette étude a pour objet d’améliorer la compréhension du marché du travail dans la Grande Région et de mieux orienter les décisions de politique économique. Les données recueillies fournissent des informations sur la situation économique des travailleurs frontaliers et de leurs familles. Elles détaillent en particulier leurs actifs et passifs, leurs revenus, la nature de leur emploi, leur niveau d’éducation, leur comportement financier (par exemple l'accès au système bancaire et au crédit) et leurs choix de consommation.

Ce cahier présente les principaux résultats de la deuxième vague de cette enquête, menée en 2014, ainsi qu’une comparaison avec les résultats de l’enquête sur le comportement financier et de consommation des ménages résidant au Luxembourg (LU-HFCS) conduite simultanément. Ces deux enquêtes sont les seules sources de données détaillées sur la situation des ménages résidant au Luxembourg et des travailleurs frontaliers. La deuxième vague de l’enquête XB-HFCS est basée sur un échantillon représentatif comportant plus de 2 400 ménages de travailleurs frontaliers, identifiés à partir du registre de l’Inspection Générale de la Sécurité Sociale (IGSS).

Les résultats indiquent que les frontaliers employés au Luxembourg habitent généralement dans leur pays de naissance, sont mariés (ou en partenariat) et ont un niveau d’éducation élevé. Ils sont en majorité employés en contrat à durée indéterminée et travaillent au Luxembourg depuis en moyenne dix ans. Par rapport aux ménages résidant au Luxembourg, ces frontaliers sont plus susceptibles d'être employés dans les secteurs du commerce de gros et de détail et le secteur financier. La voiture constitue leur principal moyen de transport et ils ont à parcourir un trajet d'une durée moyenne de 46 minutes pour se rendre sur leur lieu de travail. C’est deux fois plus que le temps de transport moyen nécessaire pour les travailleurs résidents au Luxembourg, qui est de 23 minutes.

Concernant leur situation financière, le patrimoine net moyen des frontaliers en question a augmenté d'environ 9 % en termes nominaux par rapport à 2010 (de 239 900 euros à 261 900 euros). Par ailleurs, la médiane a augmenté de presque 20 % par rapport à 2010 (de 167 000 euros à 239 900 euros). En moyenne, le patrimoine net des ménages frontaliers ne représente que la moitié de celui des ménages employés résidant au Luxembourg. Cette différence s’explique principalement par la valeur plus élevée des biens immobiliers au Luxembourg par rapport aux régions voisines.

Les résultats indiquent également que les inégalités de patrimoine sont moindres parmi les ménages frontaliers étudiés par cette enquête, par comparaison avec les ménages employés résidant au Luxembourg. Le patrimoine net de ces ménages frontaliers les plus fortunés (quintile supérieur) est environ deux fois plus élevé que celui du quatrième quintile et entre trois et quatre fois plus élevé que celui du troisième quintile. Les 20 % des ménages frontaliers les moins fortunés disposent d’un patrimoine net similaire à celui des ménages employés résidant au Luxembourg du premier quintile, soit environ 6 000 euros.

En dépit de ces différences, la composition du patrimoine de ces ménages frontaliers est similaire à celle des ménages employés résidant au Luxembourg. Les actifs réels représentent plus de 80 % du patrimoine moyen et la dette hypothécaire représente environ 80 % de la dette totale moyenne. Le niveau d'exposition aux actifs risqués est limité : les investissements en actions et fonds communs de placement représentent moins de 20 % des actifs financiers des ménages.

La résidence principale est l'actif le plus important détenu par ces ménages frontaliers : 71 % d’entre eux en sont propriétaires. Le taux de propriété le plus élevé se trouve en Belgique (79 %) et le plus bas en Allemagne (60 %). En conséquence, les actifs réels sont majoritairement détenus dans le pays de résidence, mais plus de 20 % des actifs financiers et des passifs totaux de ces ménages frontaliers sont détenus au Luxembourg.

De plus, les valeurs médianes du patrimoine net et du revenu brut des frontaliers sont beaucoup plus élevées que les valeurs nationales correspondantes. Quant au revenu brut médian des ménages employés résidant au Luxembourg, il est 30 % plus élevé que celui des frontaliers. Une partie de cette différence s’explique par la provenance des revenus des frontaliers, dont environ 20 % sont issus de leur pays de résidence.

Les résultats de cette enquête montrent que les ménages frontaliers ont souvent une certaine aversion au risque. En termes de placements financiers, les ménages les plus adverses au risque ont habituellement des comptes à vue et d’épargne, ainsi que des plans d’assurance-vie ou d’épargne-pension. Les ménages les plus éduqués ont tendance à prendre plus de risques et les ménages ayant une aversion au risque moins prononcée sont aussi plus susceptibles de gagner un revenu brut plus élevé. Ces ménages sont plus susceptibles d'investir dans des actions et des fonds communs de placement.

Enfin, les frontaliers consomment des produits et utilisent des services tant au Luxembourg que dans leur pays de résidence. En particulier, si leurs dépenses en biens non-durables sont principalement effectuées dans leur pays de résidence, les frontaliers dépensent presque 20 % du revenu du ménage au Luxembourg. 

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

 

 

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu