Prince Henri Auditoire 02 BW

Working Paper 118 - How Much Does Book Value Data Tell Us about Systemic Risk and Its Interactions with the Macroeconomy? A Luxembourg Empirical Evaluation

22.02.2018

Auteur: Xisong Jin 

Depuis la crise financière, le monde académique et les régulateurs ont accru leurs efforts afin de développer la palette d'outils disponibles dans le domaine de l'analyse macroprudentielle et notamment les mesures du risque systémique. Dans ce cadre, la plupart des méthodologies développées sont basées sur des données de marché, telles que les marchés d'actions, obligataires et des produits dérivés, qui permettent de suivre au plus près l'évolution du risque systémique. Néanmoins, ces données ne sont pas toujours disponibles car un nombre important d'entités ne sont pas publiquement cotées et ne déclarent que des données bilantaires. Les mesures de risque qui s'appuient sur la règle de comptabilisation à la valeur de marché sont, par ailleurs, limitées par construction à quelques principales lignes du bilan. Ainsi, le développement de vulnérabilités dans les différentes rubriques du bilan sont susceptibles de ne pas être détectées à temps par les autorités compétentes.

Pourtant, chaque composante du bilan contribue à la situation financière agrégée de l'ensemble du système. Une mesure de risque systémique construite à partir de chaque ligne du bilan peut potentiellement identifier différents aspects du niveau général du risque systémique. Par agrégation de nombreux postes bilantaires, il est possible de mesurer la contribution globale au risque. Le niveau du risque systémique peut, ainsi, être estimé sur l'ensemble du bilan en incorporant de nombreuses sous-catégories, telles que les actifs et les passifs à court et à long terme. De la même manière qu'il est possible d'attribuer un prix de marché à un actif selon la règle de comptabilisation au prix de marché (Mark-to-Market), il est possible d'associer à chaque ligne bilantaire une contribution au risque agrégé (Mark-to-Systemic-Risk) en considérant celles-ci pour chaque institution financière simultanément. L'approche “Mark-to-Systemic-Risk” apporte alors une analyse de la contribution de chaque entité financière au risque global en fonction de l'importance de chaque poste bilantaire. Ainsi, plusieurs mesures, telles que la Value at Risk et l'Expected Shortfall, peuvent s'appliquer directement à toutes les lignes du bilan.

Afin de montrer comment le concept de “Mark-to-Systemic-Risk” peut être mis en pratique, cette étude se concentre, en premier lieu, sur le capital des banques luxembourgeoises et des groupes bancaires européens, puis sur les parts émises par les fonds d'investissement, et caractérise les risques systémiques et les risques de transmission sur la période 2003-2016. Une approche dite dynamic grouped t-copula, pertinente pour modéliser des distributions dynamiques de grande dimension, est proposée afin d'estimer plusieurs mesures[1] construites sur la base des données individuelles propres à chaque institution financière. Afin de tenir compte de la dimension procyclique du système financier, l'approche proposée est complétée en reliant les mesures de risque systémique dans le système financier à une large base de données macro-financière.

Cette étude documente plusieurs phénomènes importants sur la période 2009-2016. Premièrement, les filiales luxembourgeoises se révèlent être plus sensibles aux évènements défavorables véhiculés par les fonds d'investissement qu'à ceux transmis par les groupes bancaires européens. Deuxièmement, les fonds d'investissement ont été plus sensibles aux évènements défavorables issus des groupes bancaires européens qu'en provenance des filiales luxembourgeoises. Troisièmement, alors que les fonds monétaires apparaissent comme ayant la contribution marginale au risque total des banques luxembourgeoises la plus élevée, les fonds de type actions ont la contribution la plus faible. Aussi, la contribution des fonds mixtes, obligataires et des fonds alternatifs s'est accrue uniquement à la fin de l'année 2016. De plus, les déterminants macroéconomiques du risque systémique agrégé des banques luxembourgeoises, des groupes bancaires européens et des fonds d'investissement, et les contributions marginales de 15 pays au risque systémique agrégé des banques luxembourgeoises et de leurs groupes bancaires respectifs sont tous différents. Au regard de ces résultats, cette approche pourrait constituer un outil pertinent pour évaluer les risques dynamiques pouvant affecter la stabilité du système financier.

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu

 

[1] Les mesures de risque systémique considérées dans cette étude incluent l'Exposure Co-expected Shortfall ( ), définie par Adrian et Brunnermeier (2011)[2], la Shapley-∆CoES, proposée par Drehmann et Tarashev (2013)[20], la Systemic Risk of Expected Capital Shortage (SRISK), décrite par Brownlees et Engle (2017)[15], et la mesure Conditional Concentration Risk (CCR) de Christoffersen et al. (2012)[18].