Prince Henri Auditoire 02 BW

Publication du Cahier d’études n° 158: Old age takes its toll: long-run projections of health-related public expenditure in Luxembourg

02.05.2022

Auteurs: Gastón A. Giordana et María Noel Pi Alperin

 

Cet article simule les tendances à long terme de la dépense publique au Luxembourg en matière de soins de santé et de soins de longue durée. Nous combinons les projections démographiques officielles avec des micro-simulations qui déterminent l’état de santé des individus en tenant compte de leurs caractéristiques démographiques ou socio-économiques et des circonstances de leur enfance. Dans notre scénario de référence, la dépense publique en matière de santé passe de 5,8 % du PIB en 2020 (hors effet pandémique) à 7 % en 2070. La dépense par habitant passe de 5400 euros en 2020 à 9400 euros en 2070. Le vieillissement de la population explique plus d’un quart de cette augmentation, le reste étant attribuable à la hausse des coûts de production. Toujours dans notre scénario de référence, les dépenses publiques en soins de longue durée passent de 0,7 % du PIB en 2020 à 2,5 % en 2070. La dépense par habitant pour les soins de longue durée passe de 600 euros en 2020 à 3400 euros en 2070, tandis que les soins par bénéficiaire passent de 41700 à 76200 euros. La hausse des coûts de production explique plus d’un tiers de l’augmentation par habitant et les deux tiers de l’augmentation par bénéficiaire.

Pour obtenir ces résultats, nous modifions le modèle théorique standard de la consommation pour permettre que le comportement des consommateurs en matière de santé affecte leur état de santé futur ainsi que les dépenses associées. Ensuite, nous estimons les équations du modèle en utilisant des micro-données luxembourgeoises issues de l’Enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (SHARE), ainsi que des données agrégées provenant de plusieurs branches de la Sécurité Sociale. Enfin, nous simulons les dépenses publiques de santé à partir des projections démographiques à long terme publiées par la Commission européenne et des projections du PIB que la Banque centrale du Luxembourg construites sur cette base. Nous utilisons différents scénarios de simulation pour ventiler la contribution du vieillissement de la population, celle des coûts de production des services de santé et celle de l’état de santé des différentes cohortes d’âge. Les résultats suggèrent que l’augmentation des dépenses par habitant en matière de soins de santé est principalement déterminée par les coûts de production, tandis que l’augmentation des dépenses liées aux soins de longue durée reflète davantage le vieillissement de la population.

Nos résultats sont cohérents avec les évaluations de l'OCDE et de la Commission européenne, selon lesquelles le Luxembourg connaîtra la plus forte augmentation des dépenses liées au vieillissement parmi les pays de l’UE. Bien que le système de Sécurité Sociale luxembourgeois bénéficie actuellement d’une situation financière confortable, cette augmentation prévisible des dépenses met en danger sa pérennité. Alors que les retraites, qui ne sont pas étudiées ici, représenteraient l’essentiel de l’augmentation des dépenses à l’horizon 2070, la maîtrise des coûts liés aux soins de santé et aux soins de longue durée pourrait contribuer à limiter l’impact sur les finances publiques.

Puisque notre modèle se concentre sur le comportement individuel, il peut servir pour évaluer ex-ante des politiques publiques qui affectent des décisions individuelles, telles que l’âge de la retraite, le taux d’épargne et les comportements liés à la santé (par exemple, l’activité physique ou la consommation de tabac et d’alcool).  Comme nos simulations couvrent un horizon très long, il faut tenir compte de leurs limitations. En particulier, nous supposons des préférences constantes et une progression modérée de la productivité, afin de nous concentrer sur le vieillissement de la population et son impact probable sur l’état de santé moyen dans le futur.

Le contenu de cette étude ne doit pas être perçu comme étant représentatif des opinions de la Banque centrale du Luxembourg ou de l’Eurosystème. Les opinions exprimées reflètent celles des auteurs et non pas nécessairement la position de la Banque centrale, de ses dirigeants ou de l’Eurosystème.

Ce cahier d’études est disponible sur le site internet de la BCL : www.bcl.lu